Les heures souterraines - Delphine de Vigan

2009 - Le livre de poche - 248 pages

Chaque jour, Mathilde prend la ligne 9, puis la ligne 1, puis le RER D jusqu'au Vert-de-Maisons. Chaque jour, elle effectue les mêmes gestes, emprunte les mêmes couloirs de correspondance, monte dans les mêmes trains. Chaque jour, elle pointe, à la même heure, dans une entreprise où on ne l'attend plus. Car depuis quelques mois, sans que rien n'ait été dit, sans raison objective, Mathilde n'a plus rien à faire. Alors, elle laisse couler les heures. Ces heures dont elle ne parle pas, qu'elle cache à ses amis, à sa famille, ces heures dont elle a honte.
Thibault travaille pour les Urgences Médicales de Paris. Chaque jour, il monte dans sa voiture, se rend aux adresses que le standard lui indique. Dans cette ville qui ne lui épargne rien, il est coincé dans un embouteillage, attend derrière un camion, cherche une place. Ici ou là, chaque jour, des gens l'attendent qui parfois ne verront que lui. Thibault connaît mieux que quiconque les petites maladies et les grands désastres, la vitesse de la ville et l'immense solitude qu'elle abrite.
Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Autour d'eux, la ville se presse, se tend, jamais ne s'arrête. Autour d'eux s'agite un monde privé de douceur.

Voilà un petit moment que j'entends parler de Delphine de Vigan, et plus j'en entendais parler, plus j'avais envie de la découvrir. Mon choix s'est porté sur celui-ci... tout simplement parce que c'est celui qui était disponible à la bibliothèque. Je pense que c'était un bon choix. J'ai vraiment apprécié ma lecture.


Dès le départ, un parallèle est fait entre Mathilde et Thibault. Ils ont beaucoup de points en commun mais ne se connaissent pas. J'aurais aimé plus de détails sur Thibault. On s'attache assez vite à Mathilde, Thibault aussi. Et puis plus rien. Il n'y en a que pour Mathilde. Je trouve ça vraiment dommage. On ne le retrouve que vers la fin, alors qu'on avait un peu oublié qu'il faisait aussi sa vie dans les rues de Paris.

Mis à part ça, c'était vraiment une bonne lecture. Sa plume est très agréable à lire. C'est direct, spontané, tout en gardant une certaine poésie. Elle sait mettre des mots sur des statuts et des émotions. Et ça, c'est pas donné à tout le monde !

La fin à un gros côté implicite et j'adore ça. Ca faisait longtemps qu'une chute de livre ne m'avait pas plu autant. On imagine tellement de choses ensuite, et j'aime ça. J'avais pu lire ailleurs (je serais totalement incapable de me souvenir où) que la fin n'en était pas vraiment une. Je ne suis pas d'accord. Au fond, quelle autre fin possible ?
Sans vous en dire davantage, je ne peux que vous conseiller ce roman, surtout si vous ne connaissez pas de Vigan. On passe un bon moment, certes c'est loin d'être tout beau tout rose, mais parfois ça fait du bien aussi. Le quotidien n'est pas rose et il est bon, surtout ici en province, de se replacer et de se souvenir de la vie que nous avons choisi de vivre, loin de tout le fourbi (pour être poli) de la capitale ou autre grande ville.

Commentaires